Je m’appelle Samya Lemrini, je suis juriste de formation et, ne sachant que faire précisément pour le reste de ma vie, j’ai décidé de faire une maîtrise en droit international et politique internationale appliquées, étant davantage intéressée par les enjeux internationaux que par les questions nationales ou régionales. Dans la foulée, j’ai rapidement été attirée par les questions environnementales, au regard des impacts néfastes des changements climatiques anthropiques causés majoritairement par les États du Nord, mais qui se font ressentir de manière plus forte sur des États du Sud, sans moyens ni ressources et qui ont le moins contribué à cette dégradation. Une telle injustice m’a bouleversée. J’ai tout de suite su qu’il fallait que j’en apprenne davantage. J’avais déjà changé mes habitudes de consommation au quotidien et étais bien au courant des changements climatiques qui nous assaillaient, mais il fallait que j’en sache encore plus – et que j’en fasse plus. Au final, si j’avais décidé d’entreprendre des études en droit, c’était justement pour aider les personnes les plus vulnérables et pour leur donner une voix.

N’ayant pas grand intérêt envers les questions de droit civil et ressentant ce besoin que ma vie soit dédiée à des questions plus grandes que des querelles de voisins ou des règlements familiaux – j’exagère certes quelque peu, j’ai décidé de déposer ma candidature pour faire partie de la délégation de l’Université de Sherbrooke qui participe annuellement à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques depuis 2010. Ma candidature ayant été retenue, je ne pouvais plus faire marche arrière. J’ai repoussé une fois de plus mon inscription à l’École du Barreau et ai décidé de me lancer dans cette folle aventure qui me permettrait de voir comment les États discutent du fait qu’« il n’y a pas de planète B ».

Grâce à cette expérience, j’ai pu sortir de ma zone de confort, et ai surtout eu la chance d’en apprendre davantage sur l’urgence climatique que nous vivons actuellement. Bien que critique face à la tenue de cette grande conférence, je me sens aujourd’hui beaucoup plus apte à parler des enjeux environnementaux de notre ère. Étudiant plus particulièrement les questions de genre et les migrations environnementales à la CdP-25, j’ai pu rencontrer des personnes aux histoires inspirantes, des militant.e.s qui travaillent sans relâche pour que la justice sociale puisse régner dans ce paradigme onusien où l’intersectionnalité entre changements climatiques et vulnérabilités socioéconomiques, politiques et sanitaires doit encore faire sa place. Bien que le forum de la CdP soit imparfait, c’est le seul qui existe et c’est la tribune la plus importante que la jeunesse, tout comme les scientifiques détiennent afin de faire pression sur les États dont la passivité climatique semble être le mot d’ordre.

Je suis convaincue que mon expérience à la CdP-25 m’a réconcilié avec la juriste en moi. En effet, étant issue de l’immigration économique marocaine et sensible aux questions de mobilité, ma formation en droit me permet d’appréhender la question de la protection des migrant.e.s environnementaux d’un point de vue du droit international. C’est également grâce à ma formation juridique que je suis en mesure de comprendre la complexité de la catégorisation de ces migrant.e.s environnementaux.ales dans le spectre des différents traités de droit international qui existent.

Je tiens à remercier LOJIQ, car il aurait été bien difficile pour moi de réussir à réaliser ce projet sans leur support essentiel. Cette expérience, qui m’a permis de témoigner directement des méandres de la politique internationale, aura indubitablement un impact sur la carrière qui m’attend.

Par Samya Lemrini

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