25 juin 2025
La jeunesse francophone engagée pour la préservation de l’Océan à l’UNOC3
L’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) a coordonné la participation d’une délégation internationale de 31 jeunes à la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3), organisée à Nice du 9 au 13 juin 2025. L’évènement, coorganisé par la France et le Costa Rica, a réuni près de 15 000 représentant·es politiques dont 60 chef·fes d’État et de gouvernement, scientifiques, économistes et membres de la société civile autour du thème « Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan ». Ce sommet onusien avait notamment pour objectif d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité sur la haute mer, adopté en 2023 pour préserver la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales.
Une délégation francophone mobilisée à l’UNOC3
La délégation était composée de 8 Québécois·es, 17 Français·es, et 6 Allemand·es francophones. Ces jeunes professionnel·les, chercheur·ses et entrepreneur·es engagé·es ont pris part aux activités de la zone verte de la Conférence, visant à renforcer la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14 (ODD 14) sur l’environnement marin.
Cette initiative a été menée en partenariat avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), avec le soutien du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec ainsi que des ministères français des Sports, de la Jeunesse, de la Vie associative, et de l’Europe et des Affaires étrangères.
Un riche programme d'activités
Afin de faciliter les premiers échanges au sein de la délégation, l’OFQJ a initié un temps d’accueil convivial à l’arrivée des participant·es, le samedi 7 juin.
Le programme s’est poursuivi le lendemain au Centre culturel franco-allemand de Nice. L’OFQJ a animé un atelier de cohésion qui a été suivi par une séance d’ouverture officielle en présence de :
- M. Henri-Paul Rousseau, délégué général du Québec à Paris,
- Mme Armelle Dugué, directrice générale déléguée de l’OFQJ France,
- M. Tobias Bütow, secrétaire général de l’OFAJ.
L’OFQJ France et l’Institut France-Québec pour la coopération scientifique en appui au secteur maritime (IFQM), représenté par Vianney Pichereau, co-directeur en France et Dominique Robert, co-directeur au Québec ont procédé à la signature d’un accord-cadre.
La session s’est terminée sur un déjeuner causerie avec l’ensemble des parties prenantes présentes, dont 2 experts de haut niveau sur la question du réchauffement des mers froides :
- M. Jean Lemire, émissaire du gouvernement du Québec aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques,
- M. Rémi Quirion, scientifique en Chef du Québec.
Durant le reste de la semaine, les membres de la délégation ont assisté aux événements organisés dans le cadre de l’UNOC, en zone de négociations ou au sein de la Baleine aménagée pour l’occasion pour la société civile.
Entrevue d'Aude Le Bourhis sur TV5 Monde
Témoignage d’Alessandra Harissi Dagher
Quel était ton principal objectif en participant à l’UNOC3?
Alessandra: Mon principal objectif en participant à cette mission était de renforcer mes connaissances sur la gouvernance durable des océans, tout en explorant des solutions concrètes et innovantes pour accélérer leur préservation, notamment à travers le prisme du concept d’économie bleue. Je souhaitais également ancrer mes recherches académiques, centrées sur les approches alternatives de gestion des ressources maritimes, dans un cadre international, en établissant des partenariats intersectoriels et interdisciplinaires.
Participer à la mission conjointe de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) et de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ) m’a permis de dépasser largement les objectifs que je m’étais fixés. L’événement s’est révélé être un cadre d’apprentissage exceptionnel, aussi bien par la richesse des interventions que par la diversité des profils rencontrés.
Quels sont les principaux temps forts qui ont marqué ton séjour?
Alessandra: Le premier jour du Nice Ocean Business Forum, je m’y suis rendue accompagnée d’Arnaud Pouchez, qui m’a rapidement introduite à une ribambelle de personnes venues des quatre coins du monde. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Thomas Putallaz, attaché de direction à l’État de Genève, qui, après avoir pris connaissance de mon sujet de recherche, m’a invitée à modifier mon programme pour assister à un side-event intitulé « Shaping Blue Tourism: Inclusive, Resilient and Sustainable Pathways », organisé par l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Je me suis donc retrouvée, un peu par hasard mais avec beaucoup d’enthousiasme, dans la salle Poséidon de l’Hôtel West End de Nice, le lundi 9 juin en après-midi. Les deux panels auxquels j’ai assisté ont été particulièrement enrichissants. À leur suite, j’ai eu l’occasion d’échanger avec plusieurs organisateurs, dont Mercedes Muñoz Cañas, qui m’a confié travailler avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) entre autres au Liban pour soutenir des communautés locales, un lien aussi inattendu que précieux.
Un autre temps fort a été la cérémonie académique de lancement de la Chaire internationale « Lex Océanopolis », coordonnée par le Centre de Droit Maritime et Océanique (CDMO) de Nantes Université, à laquelle j’ai assisté le mardi 10 juin. Cette initiative, qui réunit des experts de renommée mondiale tels que les professeurs Martin Ndende, Margaret Young ou encore Sarah Lelong, illustre l’importance d’une approche transdisciplinaire pour penser la gouvernance des océans au XXIe siècle. En tant qu’étudiante en environnement et développement durable, cette rencontre m’a offert un éclairage précieux sur les dynamiques juridiques, géopolitiques et écologiques à l’œuvre, tout en consolidant mon intérêt pour les questions de souveraineté, d’équité et de justice environnementale.
J’ai aussi échangé avec le Dr Dindo Campilan, directeur régional pour l’Asie et directeur du hub pour l’Océanie de l’UICN. Notre conversation, axée sur les enjeux de gouvernance environnementale en contextes postcoloniaux et les dynamiques régionales de conservation, s’est conclue par une invitation à envisager une collaboration avec le bureau MENA de l’UICN, basé en Jordanie, une perspective que je compte explorer. C’est également à cette occasion que j’ai fait la connaissance de Tamara Adrienne Santos, chercheuse au sein du Marine Conservation Institute pour le Marine Protection Atlas. Originaire des Philippines, Tamara m’a partagé son engagement pour la protection des écosystèmes marins et les réalités socio-environnementales du Sud-Est asiatique. Notre échange a résonné d’autant plus fortement que je participerai, dès le 23 juin prochain, à l’école d’été sur la gouvernance démocratique, la participation citoyenne et les droits des minorités en Asie du Sud et du Sud-Est, organisée à l’Université des Philippines. Ce lien, à la croisée de mes intérêts de recherche, de mon identité diasporique et de mes futurs projets, constitue pour moi une connexion précieuse et porteuse de sens.
Quelles retombées personnelles et professionnelles retires-tu de cette expérience?
Alessandra: Cette expérience a été d’une richesse inestimable!
Sur le plan personnel, elle m’a permis de m’ancrer dans un espace d’échanges interculturels stimulants, où l’écoute, la réciprocité et la pluralité des récits ont contribué à affiner ma posture réflexive. Être entourée de jeunes professionnels engagés, porteurs d’initiatives inspirantes et d’expertises variées, a renforcé ma conviction quant à la nécessité d’une gouvernance océanique inclusive et multisectorielle.
Professionnellement, cette mission m’a offert un terrain de mise en réseau exceptionnel. Les discussions engagées, notamment autour du tourisme bleu, de la justice environnementale, et des droits des communautés côtières, m’ont fourni des pistes concrètes à intégrer dans mes recherches académiques. Ces dialogues ont aussi renforcé ma volonté de concilier savoirs scientifiques et savoirs locaux/traditionnels dans une approche de co-construction des solutions.
En savoir +
La participation à l’UNOC3 des membres Québécois de cette délégation a été organisée dans le cadre du programme Développement de carrière, volet Développement et échange d’expertise.