Dans le cadre de la participation de 5 jeunes entrepreneur·es originaires du Burkina Faso à une formation offerte par l’École d’entrepreneurship de Beauce, David Brassard-Potvin, coordonnateur du programme Entrepreneuriat de LOJIQ, s’est entretenu avec Mahamadi Sawadogo, un entrepreneur multifacettes inspiré et très inspirant.


LOJIQ : Peux-tu nous parler de ton parcours académique?

Mahamadi Sawadogo (MS) : Je suis originaire du Burkina Faso. J’ai fait mes études universitaires à Montréal. Je suis arrivé au Québec en 2012 grâce à une bourse d’excellence du Gouvernement du Québec pour étudier au Cégep. J’ai ensuite fait un bachelor en finances puis j’ai travaillé comme auditeur fiscal, conseiller en entrepreneuriat et consultant pour des start-ups en intelligence artificielle. Enfin, pour finaliser mon cursus académique, j’ai fait un MBA à HEC Montréal.
Ensuite je suis retourné au Burkina Faso pour y apporter ce que j’ai appris au Québec et partager, redonner à la communauté! J’ai créé l’École des entrepreneurs d’Afrique au Burina Faso il y a un an, le 26 février 2022.


LOJIQ : Qu’est-ce que l’École des entrepreneurs d’Afrique?

MS : L’École des entrepreneurs d’Afrique est une structure de formation et d’accompagnement des entrepreneurs en devenir. J’ai créé cette école au Burkina Faso car l’entrepreneuriat y est délaissé : on entreprend par contrainte. Au Burkina, les milliardaires sont illettrés, analphabètes. Ils n’ont jamais mis les pieds à l’école!
Quand on va à l’école, l’esprit d’initiative n’est pas mis de l’avant donc les étudiants ne veulent pas entreprendre ; ils préfèrent passer les concours pour accéder à la fonction publique.


LOJIQ : Si l’école n’est pas synonyme d’ouverture selon toi, pourquoi avoir créé une école?

MS : À l’École des entrepreneurs d’Afrique, des formations sont données à des entrepreneurs par des entrepreneurs. Dans le système classique, il y a généralement beaucoup de théorie mais les formateurs, bien que très qualifiés, manquent d’expérience concrète. Chez nous, il y a une vraie connaissance pratique partagée par des gens ayant une réelle expérience de l’entrepreneuriat. Notre slogan est « s’accomplir dans l’intérêt de la communauté ». Ceci fait écho à ce que je disais plus tôt : je souhaite redonner à ma communauté les compétences que j’ai acquises au Québec.


LOJIQ : Pourquoi avoir choisi l’entrepreneuriat alors que ton parcours initial était plutôt axé vers le domaine de la finance?

MS : Depuis assez jeune, j’ai développé la fibre entrepreneuriale. À l’école primaire, je partais avec des bonbons que je vendais à mes camarades de classe! J’ai choisi mon programme d’études dans le but que mon bagage académique puisse me servir, m’aider à gérer une entreprise ou conseiller des entrepreneurs.


LOJIQ : Quelle est la raison de ton séjour actuel au Québec?

MS : Je suis venu du Burkina Faso avec une délégation de 5 jeunes entrepreneurs pour participer à un séjour intensif en immersion à l’École d’entrepreneurship de Beauce. Ces jeunes sont venus grâce au soutien financier de LOJIQ pour se former, rencontrer leurs pairs québécois, réseauter et apprendre comme ça se passe dans un autre environnement. Ils ont appris énormément de choses avec les jeunes entrepreneurs québécois! Il va maintenant falloir adapter tout ça à notre contexte dans le but d’améliorer les performances de leurs entreprises respectives.


LOJIQ : Comment as-tu pensé à l’Initiative en créativité entrepreneuriale jeunesse en Francophonie de LOJIQ pour soutenir cette délégation?

MS : J’ai personnellement bénéficié plus d’une fois du soutien offert par LOJIQ. Je connais très bien la mission de l’organisme et c’était pour moi une évidence que des jeunes de l’École des jeunes entrepreneurs d’Afrique puissent bénéficier d’un tel accompagnement et se réaliser. La courroie dans ce projet, c’est la Francophonie!


LOJIQ : Qu’est-ce que représente la Francophonie pour toi?

MS : Pour moi, la Francophonie, c’est un grand espace avec une culture commune, beaucoup d’opportunités pour les entrepreneurs, une langue partagée et la possibilité de croitre. Je suis convaincu qu’il est possible de faire des affaires en français à l’international! Plusieurs exemples sont légion au Burkina Faso. Personnellement, je suis fier de faire des affaires en français : c’est un vrai plus, une opportunité, une fierté!


LOJIQ : En quoi la francophonie est une opportunité pour ton école?

MS : La première opportunité que je citerais est la visibilité. Beaucoup de gens de la diaspora africaine ont besoin de nos services. Nous faisons du conseil. Quand des personnes qui sont installées depuis plusieurs années au Québec reviennent au Burkina Faso, elles ont besoin de s’adapter à nouveau. Nous avons beaucoup de services pour ces personnes. Nous aidons aussi les québécois qui veulent faire des affaires en Afrique mais qui ne connaissent pas l’environnement. L’École des entrepreneurs d’Afrique tient à aider les jeunes et la communauté à se réaliser. C’est un point commun entre cet école et LOJIQ!


LOJIQ : Peux-tu me préciser l’impact qu’a eu LOJIQ sur ton parcours professionnel?

MS : Lors d’un précédent projet, ma participation aux Rendez-vous d’affaires de la francophonie à Québec l’été passé, j’ai pu établir des partenariats avec d’autres structures à Toronto. À cette occasion, j’ai également finalisé un projet avec HEC Montréal. Tout ça n’aurait pas été possible sans l’appui de LOJIQ. À la suite de ces projets, mon réseau est maintenant composé de personnes en Côte d’Ivoire, en Belgique, en Ontario et au Québec évidemment!


LOJIQ : Quels conseils donnerais-tu à de jeunes entrepreneurs francophones?

MS : Il faut profiter de cette espace énorme qu’est la Francophonie, c’est un très grand marché! Il faut réseauter et sortir de sa zone de confort.
Je conseillerais également à de jeunes entrepreneurs d’être à l’affut des opportunités offertes par LOJIQ. Il est aussi possible de participer à des projets clés en main mais aussi de proposer son propre projet : ne pas hésiter à aller chercher toute l’information!

 

Article suivant