À travers sa compagnie Bo | Emballages Réutilisables, Mishel Wong propose d’innover dans le changement même de la culture de consommation. Championne du réemploi de matières résiduelles, la Montréalaise tenait quand même à participer au Sommet des entrepreneurs VentureLab, à Liège, début avril. Soutenue par le Bureau International Jeunesse – BIJ – et LOJIQ, elle s’est distinguée par le regard nouveau qu’elle porte sur les innovations vertes.

 

Groupe de 6 jeunes participant à VentureLab

Vous détenez une expertise dans la réutilisation de biens de consommation. En quoi était-ce quand même nécessaire pour la femme d’affaires que vous êtes de participer à VentureLab?
Mishel Wong – «J’avais toujours entendu dire que l’Europe était en avance sur l’Amérique du Nord en matière de développement durable. Alors, c’était une opportunité, d’une part, en tant que femme d’affaires, d’aller voir un marché en-dehors de l’Amérique du Nord. D’autre part, c’était l’occasion de mettre en lumière ce qu’on fait de ce côté-ci de l’océan

Et pour votre entreprise, Bo | Emballages Réutilisables, qu’est-ce qui se profile comme développement depuis votre passage à VentureLab?
M. W. – «Durant le Coaching Day, nous avons rencontré les coachs M. Michel Horn et Mme Fabienne Bister. Ils ont été très généreux de leur temps et en termes de mise en relation avec leurs réseaux. Ça nous a permis de voir s’il y a des opportunités de développer nos entreprises en Belgique. En même temps, Mme Bister ayant des connections au Québec, ça permet d’envisager d’autres opportunités de développement du marché ici, à tout le moins, de faire rayonner les vertus de l’économie circulaire

Pendant le Sommet des entrepreneurs, vous vous êtes distinguée par vos solutions d’affaires lors d’un concours organisé par Wallonie Entreprendre. Racontez-nous ce qu’est cette compétition et comment vous vous y êtes distinguée.
M. W. – «Il y a eu le concours Road to Business, commandité par 8 entreprises wallonnes de différents domaines. Il y avait des banques, des entreprises spécialisées en service de marketing, etc. Puis, il y avait Wallonie Entreprendre, qui soutient des entreprises dans le développement de leurs idées d’innovation.

Le concours comportait différents thèmes. Le thème où nous avons gagné était promu par Wallonie Entreprendre. Il consistait à proposer une vision du futur ainsi qu’une vision de la Wallonie dans 10 ans. Ce thème s’intitulait Et si on osait l’optimisme pour entreprendre l’avenir ? Le défi était de résumer cette vision en 5 images dans une présentation PowerPoint – sans texte !

Pour cette présentation, j’ai pris une photo d’une boutique qui vendait des gaufres liégeoises. J’ai fait de petites modifications sur cette image. C’est la même image qui revient à travers les 5 photos. Mais au fur et à mesure de la présentation, vous voyez les plats jetables diminuer jusqu’à disparaître

«De nos jours, je crois que tout le monde est d’accord pour changer nos modes de consommation. Alors, pour notre présentation, nous avons fait valoir que les ressources de notre planète sont limitées. C’est bien d’avoir des innovations de toutes sortes. Mais là où on obtient de meilleures attitudes et de meilleures pratiques chez les consommateurs, c’est lorsqu’on vise un changement de culture de leur consommation.

Je crois que c’est cette vision qui a permis qu’on gagne ce concours.»

Dans le fond, pendant VentureLab et le concours Road to Business, vous vous êtes démarquée en innovant dans le changement même de la culture de consommation…?
M. W. – «Ce que vise Bo | Emballages Réutilisables, c’est de répondre à un problème qui n’est pas perçu comme tel par la plupart des gens. Notre société a tellement bien géré les matières résiduelles de la surconsommation qu’il est difficile de parler en termes de « problème-solution ». Il est difficile pour beaucoup de voir que le réemploi est une solution s’ils ne comprennent pas qu’il y a une surabondance de matières résiduelles et que c’est un problème. Donc, il est difficile de faire valoir notre finalité comme une valeur ajoutée, comme une réponse à un problème, comme une façon d’améliorer la vie des gens. Or, il y a un problème, et Bo essaie de le rectifier. C’est, entre autres, pour ça que c’est dur de trouver du financement, d’avoir des coachs… Nous ne sommes pas dans la même logique que la majorité des innovations.

Malgré tout, Bo | Emballages Réutilisables a presque 3 trois ans d’existence. En 2022, notre chiffre d’affaires était de 170 000 $. En 2023, nous avons atteint 400 000 $. Au terme de 2024, notre chiffre d’affaires devrait se situer entre 750 000 $ et 1 M$, selon nos données actuelles.

Notre offre de service de lavage, de location, de vente d’emballages réutilisables et de traçabilité des plats touche plus de 140 partenaires : traiteurs, restaurants, services d’alimentation institutionnelles, etc. En tout, nous traitons 1, 4 M d’emballages réutilisables.»

Enfin, Mishel, que retenez-vous de cette première expérience de mobilité en Europe avec le BIJ et LOJIQ?
M. W. – «C’est une très belle expérience d’apprentissage et de réflexion. J’ai vraiment apprécié le soutien de LOJIQ et de BIJ. Ça été vraiment bien organisé

Propos recueillis par Nadège Célestin

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