« J’ai maintenant des stratégies pour qu’on atteigne la croissance » - Jérémie Turgeon

Jérémie Turgeon a approfondi ses connaissances de la philanthropie culturelle à Toronto, début octobre. Son séjour professionnel – soutenu par LOJIQ et promu par le Conseil des Arts de Montréal – permet aujourd’hui à l’adjoint aux directions du Théâtre de l’œil ouvert, dans les Laurentides, d’appliquer de grandes stratégies de financement pour accompagner sa petite compagnie de théâtre vers la croissance.

Image du site www.lojiq.org

LOJIQ – Pourquoi était-ce nécessaire pour toi d’effectuer ce séjour d’apprentissage en philanthropie culturelle à Toronto?

Jérémie Turgeon – « Je crois qu’il est nécessaire de développer la philanthropie culturelle au Québec, dans le contexte actuel. Le financement public diminue. On a besoin de diversifier nos sources de revenus. Il y a beaucoup de dépenses à couvrir pour permettre aux artistes de travailler, de rejoindre le public et de développer leur public.

Le Théâtre de l’Oeil Ouvert mise sur les arts vivants et fait du théâtre musical. Nous sommes un des seuls organismes culturels dans ce un créneau extrêmement précis, au Québec. Toutefois, c’est de plus en plus populaire. C’est pourquoi il nous faut nous inspirer d’autres modèles de financement.

Or, au Canada anglais, la philanthropie culturelle est beaucoup plus développée. Car, les organismes ont fait face à cette croisée des chemins plus tôt qu’au Québec. Ici, il y a un changement de mentalité à effectuer concernant les sources de financement. On ne peut plus compter uniquement sur les subventions gouvernementales. Il faut envisager d’autres sources de financement, dont les donateurs et les personnes en moyen de le faire.

Ce séjour professionnel à Toronto me donne plusieurs outils, plusieurs modèles et plusieurs inspirations pour développer notre propre stratégie philanthropique. »

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LOJIQ – Comment convaincrais-tu un·e jeune professionnel·le francophone, travaillant dans un organisme culturel modeste et en région rurale, d’effectuer un séjour d’apprentissage en anglais et en milieu urbain?

J. T. – « Les stratégies que j’ai apprises auprès des grands organismes culturels de Toronto sont applicables dans un contexte différent de celui d’une grande ville. Car, la philanthropie est l’art de bâtir des relations. La taille des organismes qu’on a visités et le fait que le séjour était en anglais nous ont portés à encore plus à réfléchir aux ressources de nos milieux aptes à nous aider à atteindre la croissance. Les différences économiques et socioculturelles ne devraient pas faire peur à un travailleur culturel de région éloignée. Au contraire, on peut s’inspirer de ce qui se fait au Canada anglais. »

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LOJIQ – Qu’est-ce que ce séjour change dans ta vision du financement et de l’engagement, tels que tu les voyais avant d’aller à Toronto?

J. T. – « Avant mon séjour, il y avait beaucoup de choses que je connaissais déjà de la philanthopie. Cependant, ce n’était pas dans un axe stratégique. J’avais une idées des choses qu’il fallait faire. Mais je n’avais pas d’outils, de modèles, d’orientation pour les faire. Le séjour a pallié à ce manque. Je me sens plus outillé maintenant. D’autant qu’on a aussi visité des organismes culturels communautaires et de taille moyenne qui ont connu un développement fulgurant dans les dernières années. Ça nous montre le chemin que nous aussi pouvons emprunter. »

Propos recueillis par Nadège Célestin

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