Dans le cadre de la 3e édition du Keur Massar Festival qui a eu lieu au Sénégal du 6 au 19 novembre dernier, LOJIQ a eu le plaisir de soutenir la participation d’Alexandra Rodriguez, qui s’y est rendue en tant que volontaire afin de prêter main forte lors de journées de nettoyage et de reboisement d’arbres au sein de 5 écoles du département de Keur Massar et l’aménagement de quelques espaces publiques de la municipalité, tout en participant à l’organisation du festival.

Alexandra a pu prendre part à des rencontres et des débats interculturels, ainsi qu’à un atelier de réflexion sur les enjeux climatiques organisé pour regrouper les acteur·rices de développement, les associations sportives et culturelles, les relais communautaires et les artistes afin de débattre de l’importance de l’arbre pour la survie de la planète.

Au retour de son séjour, Alexandra a tout de suite répondu à l’appel lorsqu’on lui a demandé si elle aimerait nous parler de son expérience. Voici donc, dans les lignes qui suivent, ce qu’elle a tenu à partager avec nous.

LOJIQ : Peux-tu nous parler de toi et de ton entreprise ou projet si tu en as un?

A.R. : Salut tout le monde! Je m’appelle Alexandra Rodríguez (Culturalex) et je suis artiste multimédia, DJ et directrice artistique. Née au Venezuela, j’ai vécu au Brésil, en Suisse, au Mexique, et suis maintenant basée à Montréal. Ma carrière me permet de partager et échanger du savoir-faire avec beaucoup de jeunes, de faire bouger les gens aux rythmes chaleureux, de concevoir et gérer des expériences culturelles vibrantes, et de collaborer avec de nombreux partenaires nationaux et internationaux. Pour me divertir, je me retrouve souvent au parc en train de freestyle (improviser le rap) ou danser avec la famille Hip Hop Cypherology.

Je puise énormément de motivation et d’inspiration dans les échanges culturels, le folklore, la culture et surtout, la connexion humaine. Appliquer au Keur Massar Hip Hop Festival était donc une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer. Le Keur Massar Hip Hop Festival, ayant lieu à Keur Massar, banlieue de Dakar, a une double mission : offrir la possibilité aux jeunes de se former en différentes disciplines reliées au Hip Hop (DJing, danse, photographie, design graphique) et appuyer le développement durable à travers des formations, une résidence artistique de slam et le reboisement d’écoles. Participer au festival m’a permis d’appuyer le festival en tant que bénévole en développement durable et formatrice en DJing.

LOJIQ : Ta participation à Keur Massar était ta troisième expérience avec LOJIQ. Peux-tu nous parler un peu de pourquoi tu as voulu y participer et qu’est ce qui a contribué au fait que tu as à nouveau fait appel à LOJIQ?

A.R. : J’ai grandi dans une famille artistique qui valorise la culture, ses traditions et son héritage. Étant originaire du Venezuela, pays caribéen avec un riche héritage africain, j’ai toujours rêvé d’explorer différents coins du continent africain afin de mieux comprendre mes racines culturelles. Quand j’ai vu cette offre, j’ai su que ce serait la meilleure occasion pour initier mon aventure africaine ! J’étais très curieuse de vivre un festival de Hip Hop au Sénégal, de découvrir de nouveaux rythmes, de créer des nouvelles amitiés et contacts, d’apprendre sur les avantages et enjeux locaux et d’échanger des idées.

Dans le passé, j’ai participé à deux autres expériences avec LOJIQ : travailler comme commissaire au Musée de Tuxtla Gutiérrez (2016) et participer au Festival SXSW (2023). Ces deux expériences ont été incroyablement positives dans ma carrière et dans ma vie personnelle. Elles m’ont permis d’exercer des activités professionnelles parfois difficiles à trouver au Québec, d’accumuler de l’expérience à l’international, d’élargir ma liste de contacts, de profiter d’une aide financière, mais surtout, de grandir en tant que personne. Mes intérêts, ainsi que mes expériences passées avec LOJIQ, ont donc rendu cette application une décision facile.

LOJIQ : Qu’avais-tu en tête avant d’arriver en Afrique et avant le début de ta résidence au Keur Massar?

A.R. : Avant de débuter mon expérience africaine, je ressentais une immense émotion lorsque je pensais au Sénégal! J’ai pris un moment de me familiariser un peu avec le wolof, langue la plus parlée au Sénégal, ainsi qu’avec quelques coutumes locales. J’ai aussi connecté avec d’autres participants du Festival en avance. Cela n’a fait qu’augmenter mon émotion!

Je ne vais pas cacher que j’étais aussi un peu appréhensive en général, ce qui est normal lorsqu’on s’affronte à une situation inconnue. Ceci dit, j’ai fait de mon possible pour rester tranquille et me laisser porter par la vie. De partir en groupe m’a aussi aidé : on s’entraidait et partageait avant le départ.

Au niveau logistique, je me suis créé une liste pour ne pas oublier les éléments importants : vaccins, argent comptant, surprises pour les écoliers, un journal pour écrire mon expérience, idées pour la formation DJing, etc.

LOJIQ : Peux-tu nous parler un peu de ce que tu as vécu durant cette expérience?

A.R. : Durant les deux semaines du festival, trois autres bénévoles et moi avons aidé à planter des arbres et offrir des dons de matériel éducatif à différentes écoles. Nous avons animé des activités ludiques et éducatives pour les enfants. Nous avons découvert la pépinière de la forêt de Mbao, visité l’ile de Gorée, partagé avec les artistes de la résidence slam. Nous avons aussi pu échanger lors de repas avec plusieurs familles du staff. Nous avons eu l’occasion de participer aux conférences, d’assister à un spectacle de théâtre de la troupe Mama Africa à Dakar, de former des jeunes en Djing et en danse. Lors de soirées, nous avons partagé nos talents artistiques. Nous avons pris part à un souper gala et participé à un marché artisanal et écologique. Ce fut un programme complet, intense et rempli de joie.

Nous partagions des appartements au quotidien avec l’équipe du Festival et les artistes résidents, ce qui a amené beaucoup de vie dans les espaces et a facilité les connexions. Tous les jours, nous mangions ensemble accroupis, atour de grands plats argentés et entamions des conversations joviales. Et si le temps nous le permettait, quelques-uns d’entre nous essayions de prendre une petite sieste pour « se recharger les batteries »!

LOJIQ : Le moment le plus marquant de ton séjour?

A.R. : Il n’y en a pas un, il y en a mille! Je dirais que les moments les plus marquants pour moi se sont retrouvés dans la simplicité : manger tous ensemble, me réveiller avec un groupe de personnes qui étaient toujours partantes pour jouer et rire, échanger avec les enfants des écoles, observer les futurs DJs se pratiquer, connecter artistiquement avec les autres participants du Festival, découvrir la nature locale, et même si ce fut en partie triste, pleurer lorsqu’on se disait au revoir.

En plus des innombrables moments précieux, je dirais que l’apprentissage le plus grand pour moi a été de vivre dans une communauté de partage et d’entraide. J’ai été éblouie par la chaleur humaine et la générosité qui déborde là-bas. Dans un sens, partager et s’entraider est synonyme d’être vulnérable, ce qui est courageux et nécessaire pour la survie et le bienêtre humain. Je suis donc repartie du Sénégal avec ce même cœur ouvert, joyeux, plein et vulnérable.

LOJIQ : Peux-tu nous parler des retombées de ta participation à SXSW en mars dernier, comment cet événement a affecté ton parcours personnel et de carrière et quelles retombées peux-tu envisager de ta participation au Keur Massar?

A.R. : Je peux déjà observer quelques retombées concrètes suite à ma participation au Festival SXSW. La première et la plus importante a été la découverte d’une communauté de nomades numériques. Cette rencontre a eu un impact tellement grand pour moi que j’ai décidé de poursuivre ce mode de vie! Je suis maintenant en train de bâtir une base professionnelle qui me permettra de vivre comme une nomade. Mes prochaines destinations envisagées? Portugal, Cap-Vert, France, Indonésie, Polynésie française, et autres!

Grâce à SXSW, j’ai aussi fait beaucoup de connexions professionnelles dans le domaine des arts et de la culture. En tant que DJ, j’ai découvert de nouveaux artistes et musiques variées, et finalement, j’ai appris sur des thématiques spécifiques comme l’intelligence artificielle et l’entrepreneuriat musical.

Par rapport au Keur Massar Hip Hop Festival, je peux déjà dire qu’elle a été une expérience d’une très haute valeur pour moi. Avant tout, cette opportunité m’a permis d’ouvrir les yeux à une nouvelle culture, facilitant de futures collaborations professionnelles avec le Sénégal. Les connexions établies avec les participants à l’international ont aussi de fortes chances de continuer à se développer.

Au niveau entrepreneurial, j’ai l’intention d’intégrer quelques concepts observés dans ma manière de travailler et de présenter mon travail artistique au monde, incluant les concepts du partage (comme le partage du savoir et la délégation de rôles), ainsi que la priorisation de la conservation et de la documentation culturelle. Cette expérience m’a tout simplement laissé avec le gout retourner au Sénégal au plus vite et d’apprendre le wolof en attendant!

LOJIQ : As-tu pu créer des liens importants pour le futur?

A.R. : Absolument! Cette opportunité m’a permis de créer des liens étroits avec l’équipe du Festival, des slammeurs québécois et internationaux, des DJs, des danseurs et des joueurs culturels à Keur Massar et à Dakar centre-ville. Nous prévoyons continuer à nourrir ces liens afin de préserver notre partenariat et continuer à grandir collectivement.

LOJIQ : Pour toi, comment l’offre LOJIQ se démarque-t-elle de celles d’autres organismes qui fait de sorte que tu choisisses de nous approcher pour tes projets plutôt qu’un autre?

A.R. : Pour moi, LOJIQ se démarque dans la qualité et la quantité de partenariats établis avec des organismes, des évènements et des compagnies partout dans le monde. Les opportunités dérivant de ces partenariats offrent un accès privilégié aux jeunes qui désirent continuer de développer leur carrière tout en voyageant, chose qui serait un peu plus compliquée individuellement.

LOJIQ se démarque aussi dans son encadrement et accompagnement. Dans toutes mes expériences passées, je me suis toujours sentie soutenue par l’équipe, toujours prête à aider et répondre à ma liste de questions infinies. Le soutien financier pourrait être amélioré, car on se retrouve souvent à compléter le montant de nos propres poches, mais même avec ce bémol, les opportunités valent toujours la peine.

Finalement, j’aime bien LOJIQ pour sa variété : on peut trouver des offres à court et à long terme dans divers domaines et dans différents contextes (entrepreneuriat, développement de carrière, engagement citoyen, etc.).

LOJIQ : Envisages-tu de réaliser d’autres projets avec notre soutien?

A.R. : Bien sûr!!! Ceci fut mon premier projet LOJIQ en engagement citoyen, et j’ai bien hâte de continuer à explorer les autres volets jusqu’à ce que j’ai 35 ans!

À très bientôt!

Propos recueillis par Helen Steiman

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​​​​​​Keur Massar Hip Hop Festival, festival international de hip hop et de cultures urbaines, organise des manifestations culturelles, artistiques, éducatives et sociales à Keur Massar afin de divertir la jeunesse sénégalaise et la sensibiliser aux enjeux environnementaux. Par l’organisation de panels, d’échanges, de concerts, de résidences artistiques, de soirée de slam, de sessions de grafitti ou encore de projections de film, le festival compte former la jeunesse massaroise et lui apprendre à s’exprimer à travers l’art et la culture.

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