Du 10 au 13 août derniers, LOJIQ et la section française de l’OFQJ ont soutenu la participation d’Hélène Berthouard à Fierté Montréal. Jeune Guadeloupéenne, Hélène revient de son expérience avec le cœur rempli de gratitude et d’espoir quand à la condition de vie des transgenres et des membres de la communauté 2SGBTQIA+. À son retour, elle a tenu à partager avec LOJIQ ses impressions.

Le Témoignage d'Hélène

LOJIQ : Peux-tu nous parler de toi, de ce que tu fais dans la vie ?
H.B : Je suis actuellement en pleine reconversion : après l’obtention de ma licence de droit, j’ai réalisé que ma passion reposait dans le domaine des arts graphiques et donc je me retrouve aujourd’hui dans le bain de ladite reconversion.

Cela ne signifie pas que j’oublie l’aspect humanitaire que l’on peut retrouver dans la sphère juridique : je conserverai toujours avec moi cette volonté de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des personnes issues de groupes plus vulnérables.

C’est une caractéristique qui me suivra dans le monde du design à travers la sensibilisation, et probablement toute ma vie!

LOJIQ : Est-ce que ta participation à Fierté Montréal était ta première participation à un projet avec la section française de l’OFQJ et LOJIQ ?
H.B : En effet, Fierté Montréal, qui fut aussi ma première Pride, constitue ma première participation à un projet mis en place par LOJIQ et l’OFQJ. J’ai été très heureuse de pouvoir rejoindre ces deux organismes dans une mission qui me tient vraiment à cœur.

Je pense que la mission d’accompagnement des jeunes adultes dans des projets de mobilité relatifs à des priorités politiques qu’exercent LOJIQ et l’OFQJ est d’autant plus importante de nos jours étant donné qu’elle permet de véritables « déclics » chez des jeunes déjà intéressé·es qui découvrent des approches, des fonctionnements et des solutions différentes de celles connues « à la maison ».

LOJIQ : Est-ce que c’était la première fois que tu venais au Québec ?
H.B : Oui. C’était mon premier séjour en Amérique du Nord. Et en toute honnêteté, le Québec m’a séduite. Même si je n’ai découvert qu’une de ses villes, c’est une province qui m’a plu à travers son peuple. J’ai été agréablement surprise du degré auquel les Québécois·es apportent de l’importance aux groupes et personnes susceptibles d’être victimes de discriminations et d’injustices. C’est quelque chose qui m’a marquée et qui peut, à mon avis, se reproduire partout dans le monde avec assez d’éducation sur la vie des groupes et personnes marginalisées en question.

LOJIQ : Peux-tu nous dire pourquoi avoir choisi de te joindre à la délégation LOJIQ-OFQJ ?
H.B : J’ai décidé de me joindre à la délégation LOJIQ-OFQJ dans le but principal de partager mes expériences non seulement en tant que femme transgenre, mais surtout en tant que femme transgenre aux Antilles-Guyane. Il était très important pour moi de faire part de mes expériences, mais aussi d’entendre celles d’autres personnes transgenres à Montréal : je rejoins l’idée qu’il ne peut suffire que d’un échange pour créer du changement et j’espère véritablement pouvoir encourager mes compares antillais à se pencher sur les questions LGBTQIA2S+ avec la volonté d’entendre et d’apprendre parce que nous avons tous besoin, plus que jamais aujourd’hui, de nous comprendre.

LOJIQ : Qu’avais-tu en tête avant d’arriver à Montréal ?
H.B : Avant d’arriver à Montréal, je m’attendais à quelque chose de complètement nouveau. J’avais en tête le fait que le Québec dispose de sa propre culture qui diffère véritablement de la culture française, même si c’est une province francophone.

J’ai alors tenté de faire le vide et d’adopter une vision neutre, sans idée préconçue : je voulais apprendre de la culture du Québec tel un·e nouveau-né·e. Évidemment, c’est quelque chose d’impossible à atteindre entièrement : nous avons tous des idées préconçues, mais je pense que c’est bien d’essayer.

Et puis il y a aussi le sirop d’érable, bien sûr.

LOJIQ : Quelles ont été tes impressions durant ton séjour ?
H.B : J’ai passé un séjour extraordinaire. Découvrir la ville de Montréal à travers un programme fourni, exécuté par des expert·es, le tout aux côtés d’autres participant·es informé·es et impliqué·es basculait presque dans le domaine du rêve.

Plus sérieusement, j’ai été très émue durant ce séjour. J’en ai appris beaucoup sur l’histoire des personnes LGBTQIA2S+, notamment durant la visite des Archives Gaies du Québec. Je suis vraiment ravie d’avoir pris part à la délégation LOJIQ-OFQJ.

J’espère que LOJIQ et l’OFQJ continueront d’inclure des départements d’outre-mer dans leurs missions à l’avenir et que de plus en plus de jeunes antillais·es seront en mesure de bénéficier des ressources offertes par ces derniers.

LOJIQ : Le moment le plus marquant de ton séjour ?
H.B : Je pense que dans mon cas, le moment le plus marquant du séjour peut avoir l’air assez évident. Mais dans l’ensemble, je garde très près du cœur les souvenirs que j’ai de cette expérience et des personnes qui y ont contribué : tous les moments que nous avons passés ensemble ont été formateurs et m’ont permis de m’épanouir comme je ne l’avais jamais envisagé.

C’est le séjour entier que je retiendrai comme moment le plus marquant, en addition de l’honneur qu’a été la rencontre de madame Taubira.

LOJIQ : En quoi ta participation va-t-elle structurer ton parcours ?
H.B : Ma participation à cette expérience a complètement changé mes projets pour le futur. J’envisage toujours de me diriger dans le design graphique, mais il est clair que la ville de Montréal jouera un rôle phare dans mon projet professionnel. C’est un lieu vivant qui a altéré ma vision des choses et m’a permis de mieux me connaître moi-même.

LOJIQ : As-tu pu créer des liens importants pour le futur ?
H.B : Absolument. Tout d’abord, les liens que j’ai créés avec les autres membres de la délégation sont de l’ordre de l’amitié. Les participant·es de la mission Fierté Montréal 2023 sont des personnes qui osent agir pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Je suis très contente d’avoir fait leur connaissance et j’espère vraiment que nous aurons l’opportunité de nous revoir très prochainement.

J’ai eu le véritable honneur d’échanger avec madame Taubira et de l’accompagner au long de la rue Sainte-Catherine afin de rencontrer les membres des associations relatives à la question transidentitaire. J’ai pu rencontrer des personnes admirables qui effectuent un travail considérable avec pour seul motif une bienveillance remarquable pour autrui. J’ai espoir que les liens que j’ai pu créer lors de mon séjour me serviront pour l’amélioration des conditions de vie d’où je viens, en Guadeloupe et aux autres départements d’outre-mer.

LOJIQ : Tu as eu la chance de te rapprocher de madame Taubira durant la rencontre au bureau de LOJIQ. Peux-tu nous parler un peu de ton impression sur cette rencontre et sur ce que madame Taubira essaie de promouvoir ?
H.B : Madame Taubira me fait penser à un proverbe créole que j’ai toujours entendu en grandissant : « Kouté pou tann’, tann’ pou konprann’ » (« écoute pour entendre, entends pour comprendre »).
Ce qui m’a marqué chez madame Taubira, c’est sa compassion et sa patience, couplées de sa rigueur et de son efficacité. C’est une personne qui sait prendre le temps d’écouter et d’apprendre, pour ensuite agir de manière attentionnée.

Quand j’ai parlé de mon expérience en tant que femme transgenre aux Antilles-Guyane durant la rencontre au bureau de LOJIQ, j’ai été émue face à l’attention qu’a portée madame Taubira à mon égard : elle ne se penchait pas seulement sur mon expérience, mais sur celle de toutes les personnes transgenres aux Antilles-Guyane. Et c’est exactement ça qui met en exergue la sagesse considérable qui réside en cette femme.

Encore une fois, ce fut un honneur d’échanger avec madame Taubira et je pense que ce qu’elle tente de promouvoir, à travers ses multiples exploits, est la reconnaissance de faits et la tolérance.

Nous vivons à une période où l’intersectionnalité fait que l’on ne peut plus prendre en compte qu’un aspect unique d’une vie humaine. Une personne vit plusieurs expériences à la fois et, de ce fait, a besoin de soutien dans chaque aspect où elle est défavorisée. Du moins, nous devons essayer de tendre vers cette idée, selon moi.

Propos recueillis par Helen Steiman

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