Estamine Vidjingni MITO-BABA, jeune béninoise engagée, a fait partie des 20 jeunes provenant des régions du Québec et de différents pays d’Afrique francophone qui ont participé aux activités entourant la tenue de la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies (COP15) à Montréal. 2 semaines avec une programmation complète : séances de réseautage, participation au Forum jeunesse pré-COP15, 5 à 7 dans les bureaux de LOJIQ à Montréal, rencontre avec le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, et bien plus…

Estamine a travaillé et collaboré avec bon nombre de structures du Bénin telles que le Centre Culturel Artisttik Africa, la structure d’ingénierie culturelle Moov-on Arts Africa et l’association Katoulati. Tout récemment, son article d’analyse sur le rôle des langues autochtones a été primé par l’organisation Place for Africa. Avant de nous quitter, elle a voulu nous témoigner de son expérience au Québec.

Entrevue avec Estamine Vidjingni MITO-BABA

Pourquoi avoir choisi LOJIQ?
«Activiste environnementale, je viens d’une région francophone d’Afrique où peu de place est accordée à la jeunesse pour ces événements internationaux. Tous les appels de soutien et d’accompagnement sur lesquels j’étais tombée et même ceux partagés par le GYBN n’étaient ouverts qu’aux anglophones. Comme jeune, nos capacités financières sont limitées et le cadre administratif est très exigeant pour prendre part à la COP15. Il faut appartenir à un réseau ou groupement reconnu par la Convention des Nations Unies sur la Biodiversité, sans quoi, on ne peut avoir l’accréditation. Alors, j’étais à la recherche de toute opportunité pouvant me permettre de participer à la COP15. Dans mes recherches, je suis tombée sur l’appel à candidatures ouvert aux jeunes francophones pour participer à la COP15 avec le soutien de LOJIQ.
LOJIQ m’a donc offert les conditions et les possibilités de participation à la COP 15, que nulle autre organisation ou institution n’offrait aux jeunes ayant mon profil. C’est donc LOJIQ qui m’a choisie, grâce au GYBN, et j’en suis très reconnaissante.»

Que signifiait la COP 15 pour toi?
«La COP15 était pour moi une curiosité, une sorte de secret, un cercle fermé qui n’est accessible qu’à des personnes d’un certain rang et d’une certaine catégorie. C’est une conférence internationale dont la simple participation est déjà un grand atout dans le parcours professionnel pour une jeune comme moi. Je voulais me rapprocher des enjeux politiques, gouvernementaux et environnementaux. La COP 15 fut l’occasion de toucher du doigt les politiques liées à la biodiversité, de découvrir et d’appréhender le regard d’autres personnes sur le sujet. Je dois aussi reconnaître que j’avais aussi un regard assez méfiant sur la COP 15. Finalement, ces craintes se sont avérées infondées. La COP 15 fut un cadre d’apprentissage, une occasion de permettre à la jeunesse de s’exprimer à haute voix devant les ainés et de dire comment la jeune génération voit le futur. Ce fut aussi un cadre propice sur le plan international pour vulgariser et légitimer les actions dans lesquelles je suis impliquée dans ma région, et qui participent à l’atteinte des objectifs qui sont fixés et qui seront à nouveau redéfinis sur la biodiversité et l’environnement.»

Présence de Estamine à la COP15

Quel fut le moment clef de ton expérience?
«Certainement d’avoir été en contact avec une centaine d’autres jeunes francophones sans aucune barrière de la langue lors de l’activité «Le regard de la jeunesse francophone sur la biodiversité». Des échanges fructueux, porteurs et si favorables. J’y ai découvert une jeunesse engagée. J’ai découvert, j’ai appris et j’ai aussi partagé. De cette rencontre, j’ai noué de très bonnes relations avec d’autres jeunes.»

En quoi cet événement va structurer la suite de ton parcours?
«Ma participation à un événement de cette ampleur va contribuer à légitimer mon propos comme jeune activiste au service de l’environnement et de la biodiversité, auprès d’autres personnes, d’organisations et même auprès de mon gouvernement. J’ai reçu une invitation de la télévision nationale de mon pays afin de participer à une émission pour parler de ma participation à la COP15 comme jeune déléguée francophone.
La COP15 m’a offert des ouvertures enrichissantes, un réseautage précieux et de nouvelles connaissances. Autant de choses que je n’aurai jamais pu avoir sans la COP15. Un exemple parmi tant d’autres est la discussion que je mène actuellement avec Sue Miller, Responsable des réseaux mondiaux de STOP ECOCIDE INTERNATIONAL, dans une perspective durable d’élargissement des actions du réseau Youth écocide au Bénin. En plus de tout ce qui vient d’être mentionné, ma participation à la COP15 vient appuyer ma démarche professionnelle et participe à l’orientation de mes choix en termes de formation et d’acquisition de nouvelles compétences professionnelles. Cela vient renforcer ma motivation à me spécialiser en communication environnementale et développement durable.»

Quelle impression te laisse le Québec?
«J’ai déjà eu l’occasion de visiter d’autres villes occidentales, notamment en Allemagne et en Belgique. J’ai été fascinée par la diversité interculturelle du Québec. Montréal offre l’hospitalité à beaucoup de personnes qui ne sont pas forcément des Québécois. On a la sensation permanente de se sentir acceptée. Je garde donc du Québec un beau souvenir, que cela soit sur un plan humain, architectural ou social. La gastronomie m’a fait forte impression aussi! Pour finir, mon baptême de feu avec la neige me laisse un souvenir impérissable. Je n’avais jamais vu de neige, alors j’ai été éblouie de vivre l’expérience de la neige et j’en garde des images inoubliables et douces.»

Présence de Estamine à la COP15

En savoir +

La venue des jeunes participantes et participants africains a été financée dans le cadre de l’Initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques de LOJIQ. Les jeunes du Québec ont pris part aux activités dans le cadre du programme Engagement citoyen, volet Action citoyenne, de LOJIQ.

 

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