Lettre ouverte de Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, administrateur de la Fondation LOJIQ  et 8 autres membres du CA signataires*, publiée par La presse.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, des milliers de Québécois ont fait preuve d’une formidable générosité.

Alors que le confinement nous intimait de rester chez soi, ils ont répondu à l’appel de la communauté et manifesté leur volonté d’aller prêter main-forte dans les CHSLD, dans les banques alimentaires, dans les champs et partout ailleurs où les besoins se faisaient urgents.

Or, les conséquences délétères de la crise n’ont pas fini de se faire sentir. Les besoins restent grands et des centaines d’organismes espèrent des renforts. C’est pourquoi le programme Québec Volontaire souhaite faire vivre et durer l’élan de générosité qui a animé les Québécois ces derniers mois en permettant aux jeunes adultes de 18 à 35 ans de s’engager dans la communauté en ces temps particulièrement difficiles.

Les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), qui gèrent ce programme, sont connus des jeunes comme un tremplin vers des expériences de toutes sortes à l’étranger. Avec Québec Volontaire, c’est le Québec qui devient la principale destination et la société à laquelle contribuer. L’occasion est donc belle de partir à la rencontre de l’autre, de lui donner un coup de main et, par la même occasion, de découvrir le Québec, de décloisonner les esprits et les communautés à travers le territoire. C’est l’occasion de « faire le tour de monde qui m’entoure ici », pour dire comme Claude Dubois, et de tricoter des mailles serrées dans notre tissu social.

Peu connu au Québec, le concept du volontariat s’incarne à l’étranger dans les Peace Corps américains, le Service civil suisse ou encore le Service civique français. Chaque programme a ses modalités particulières, mais le volontariat cultive partout la même mission : plus qu’un stage, dont la vocation se limite à acquérir des compétences professionnelles, il ne peut se faire dans une entreprise à but lucratif ; proche du bénévolat, il s’en distingue par son exigence d’un engagement soutenu pour lequel on n’est pas rémunéré, mais indemnisé.

Être volontaire, c’est suivre son désir de se sentir utile et de contribuer au bien commun. On puise dans son fond d’humanité et de courage. Mais on le fait aussi pour soi, pour son propre bien.

Plusieurs études le montrent : s’engager volontairement auprès de la communauté développe les réseaux et les habiletés sociales, accroît la confiance en soi, procure un sentiment d’accomplissement, réduit le stress et les risques de dépression, et augmente même le niveau de bonheur, dixit la Harvard Medical School.

Le don de soi n’est pas nécessairement un sacrifice !
D’ailleurs, si le volontariat n’est pas un stage, il permet tout de même de développer des compétences qui ne seront pas inutiles sur le marché de l’emploi. La génération qui s’apprêtait à y entrer ou qui en était à ses premières armes se retrouve aujourd’hui dans les pires conditions économiques jamais vues depuis des décennies. En mai, le taux de chômage chez les étudiants franchissait les 40 % et il était de 25 % pour les jeunes non étudiants. C’est énorme. Et les scénarios quant au marché qui les attend sont des plus volatiles, ajoutant à l’incertitude.

Dans ces circonstances, Québec Volontaire espère offrir aux jeunes du Québec autant d’occasions que possible de déployer et de développer leurs talents au profit de la communauté. À distance de façon virtuelle, en région près de chez soi ou, quand la situation sanitaire le permettra, sur le terrain partout au Québec et même au Canada et à l’international.

Que l’engagement dure 3 semaines ou 6 mois, qu’il soit de 10 ou de 30 heures par semaine, les possibilités sont vastes : assister les intervenants de première ligne par la distribution de repas, appeler des personnes âgées, recueillir leurs récits et les documenter avec photos et vidéos, mettre son tablier dans une cuisine de quartier, appuyer un projet d’hôpital de campagne, valoriser le patrimoine culturel et naturel de régions hors des circuits traditionnels, soutenir une coopérative, une municipalité, une communauté autochtone… Ce ne sont là que quelques exemples.

Encore tout jeune, le programme Québec Volontaire souhaite renforcer et pérenniser l’esprit d’engagement, de solidarité et d’entraide chez les jeunes du Québec. Si la pandémie est une épreuve, elle est aussi une occasion de cultiver cet esprit de communauté, pour la suite du monde.

* Cosignataires : Madwa-Nika Cadet, Diane Hamel, Catherine Gosselin, Martin Massé, Gabriel Tessier, Axel Ntakaburimvo-Ndayiragije, Philippe Demers Cyril Owona et Thierry Tulasne, membres du CA de la Fondation LOJIQ.

Ce texte a été publié dans La Presse  et La Presse+ édition du 1er juillet 2020, 
section DÉBATS, écran 5

En savoir +

Québec Volontaire est un programme de volontariat qui favorise l’engagement citoyen des jeunes Québécois âgés de 18 à 35 ans en leur permettant de participer à un projet pour l’intérêt collectif au Québec, au Canada ou à l’international.

Le programme Québec Volontaire est financé par le Secrétariat à la jeunesse du Québec et la Fondation LOJIQ dans le cadre de sa campagne de financement « Ensemble ouvrons-leur le monde ».

Article suivant