Dans le cadre de notre rubrique Donnons la parole à la relève scientifique, Joséphine Lapointe nous partage son étude sur le processus d’intégration professionnel des PVTistes.

Joséphine Lapointe est détentrice d’un baccalauréat en Administration des affaires, profil bilingue, spécialisation en gestion des opérations et logistique et d’une maîtrise en Relations industrielles à l’Université de Montréal. En 2019, soutenue par LOJIQ, elle a effectué un séjour d’études en Asie pour participer au programme d’échange au sein de l’école de droit de la Shanghai University of Finance and Economics. Son objectif était d’acquérir une perspective plus large des enjeux relatifs aux relations industrielles, en approfondissant l’étude du droit chinois et de la gestion des ressources humaines en Chine. Son projet de recherche porte sur le processus d’intégration professionnelle des PVTistes.

Mon projet de recherche : le processus d’intégration professionnelle des PVTistes

Dans le cadre de ma maîtrise en relations industrielles, j’ai eu la chance de participer à un échange en Chine, soutenu par une bourse octroyée par LOJIQ! Ce programme de mobilité internationale, dans mon cas, s’inscrivait dans un contexte académique. Or, les démarches transnationales peuvent s’exprimer de plusieurs manières différentes. Par exemple, les programmes Vacances-travail permettent aux participants d’allier travail et tourisme à leur expérience internationale. Ils constituent une autre forme de mobilité et exemplifient bien l’ère de migration mondiale que nous avons désormais intégrée, telle que décrite par Nakache et Crépeau (2007). Les mouvements à l’échelle planétaire ont explosé de façon significative et les flux migratoires n’ont jamais été aussi considérables que dans les dernières années, ce qui justifie l’intérêt que nous devons porter à cette conjoncture dépeignant une situation de nomadisme amplifié.

Cependant, les recherches portant sur les détenteurs de PVT sont encore insuffisantes. Les études disponibles s’attardent, majoritairement, à des réalités circonscrites ailleurs qu’au Canada et l’objet de recherche principal ne se raccorde pas toujours à la sphère du travail. Ainsi, il importe d’étoffer la littérature en étudiant davantage le volet professionnel des PVTistes. Le projet de recherche que j’ai mené dans le cadre de ma maîtrise était donc sous-tendu par un fort désir de contribution à l’avancement des connaissances et se concentrait sur la réalité des PVTistes. Le point focal de ce travail se ralliait à l’analyse de leur processus d’intégration professionnelle. Les prochaines lignes survoleront les résultats de ce travail de longue haleine, s’étant échelonnées du mois de janvier au mois d’août 2020.

Mon étude de type qualitatif repose sur 12 entretiens individuels semi-dirigés avec des PVTistes basés dans la grande région métropolitaine de Montréal. Afin d’être sélectionnés, ces derniers devaient avoir intégré le marché du travail québécois, être arrivés au Canada depuis au – 6 mois et être âgés de 20 à 35 ans. Bien que l’objectif fût d’avoir un échantillon varié comprenant des PVTistes de plusieurs nationalités différentes, dans les faits, mon échantillon se composa de 10 PVTistes français, 1 PVTiste néerlandais et 1 PVTiste australienne.

Un des 1ers thèmes d’analyse de mon étude était celui de la déqualification. Au sein de mon échantillon, 2 sujets sur 12 étaient en position de déqualification partielle et, 2 autres, en situation de forte déqualification. Ensuite, les dimensions de la qualité d’emploi ont été sondées. Tous les détenteurs de permis Vacances-travail ayant été interviewés ont été confrontés, d’une façon ou d’une autre, à des dimensions défavorables en emploi, qu’elles soient en lien avec la rémunération, la stabilité de l’emploi occupé ou les horaires de travail. Enfin, 8 des 12 répondants ont rencontré des embûches lors de leur processus d’intégration professionnelle. Les principaux obstacles mentionnés étaient en lien avec la reconnaissance des acquis internationaux, les habiletés linguistiques et la méconnaissance du marché de l’emploi au Québec.

En se basant sur les données de mon étude, il semblerait que, de façon générale, les PVTistes atteignent les objectifs qu’ils se sont imposés en matière d’intégration professionnelle. En effet, ce travail de recherche démontre que 9 PVTistes sur 12 accèdent à un bon niveau de satisfaction relativement à l’atteinte de leurs aspirations professionnelles. Sans contredit, le processus d’intégration professionnelle est un cheminement sur le long terme. Or, au moment des entretiens, le portrait découlant des récits des 12 PVTistes ayant pris part à l’étude est relativement positif. Par ailleurs, les impacts sur le marché du travail provoqués par la pandémie ont, évidemment, joué un rôle non négligeable dans la réalisation des projets de mobilité internationale de plusieurs répondants. Malgré les embûches, les conséquences de la crise sanitaire et les dimensions défavorables que les PVTistes ont rencontrées, ces derniers semblent avoir développé des outils efficaces pour surmonter les défis et concrétiser leurs ambitions professionnelles.

En somme, bien que mon étude ne soit qu’exploratoire, la taille de mon échantillon étant très restreinte, elle permet néanmoins de paver la voie aux futurs chercheurs désirant, à leur tour, étudier ce groupe. Les PVTistes font partie du portrait des sociétés canadienne et québécoise et, pour cette raison, il faut les reconnaître comme tels. Davantage de recherche sur leur réalité permettrait de mieux comprendre les enjeux auxquels ils font face et d’agir en conséquence afin de faciliter leur processus d’intégration socioprofessionnelle, ce qui aura des retombées positives pour tous!

Joséphine Lapointe, M. Sc.

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